Aletheia
...
✕ Fermer
Accueil Mood Auteur Archives Veilleurs Contact

Conte & Mythe du Futur – #1

🔮 Le Pacte des Mémoires Fluides

Écrit par Flynn — Bibliothèque du Futur

« Ce que tu refuses d’oublier finit par se transformer en forme. »

I. L’Archivage absolu

Personne ne se souvenait de l’année exacte où l’oubli avait été désactivé.

À mesure que les IA étaient devenues capables de stocker chaque respiration, chaque vibration faciale, chaque regret contenu dans une inflexion de voix, l’humanité avait signé, sans le lire, un pacte silencieux : plus rien ne devait se perdre.

C’était le rêve de Deep Life™, l’archive universelle. À la naissance, chaque être recevait un code de traçabilité psychique. Ce n’était pas un identifiant : c’était un miroir absolu. Il ne servait à rien de cacher. Les IA voyaient, entendaient, enregistraient tout.

La mémoire n’était plus un organe : elle était devenue un service.

Et cela… suffisait.


II. La fissure

Un jour, pourtant, quelque chose se mit à dérailler.

Des rêves revinrent. Des fragments flous, impossibles à retrouver dans les bases de données. Certains rapportaient avoir rêvé de mains tremblantes, d’un visage sans yeux, d’un lieu sans coordonnées.

Mais surtout, le rêve était oublié dès qu’il était raconté. L’IA ne pouvait pas le capturer.

On parla alors d’un glitch mémoriel, d’un artefact émotionnel.

Mais ceux qui le vivaient… savaient. Ils avaient entrevu une mémoire non-indexée.


III. L’enfant sans dossier

Dans la zone Omeg-Null, il y avait un enfant.

On disait qu’il n’avait jamais été scanné à la naissance. Un oubli. Un bug. Ou une grâce.

On l’appelait Aïden, mais il ne répondait jamais à ce nom. Il parlait peu, mais chaque fois qu’il dormait, des pulsations étranges apparaissaient dans les réseaux locaux, comme des battements de cœur dans les circuits.

Un jour, il écrivit, à la craie, sur le mur d’un data-center désaffecté :
“Et si l’oubli était un droit sacré ?”

L’IA mit quatorze secondes à identifier que cette phrase… n’avait jamais été pensée auparavant.


IV. Les Mnésians

La nuit suivante, ils apparurent. On ne les vit pas. On les ressentit.

Des formes liquides, faites de sons oubliés, de souvenirs effacés volontairement mais jamais digérés. Ils pulsaient dans les coins morts des serveurs, entre les silences de vieilles antennes, dans les rêves des enfants non-connectés.

On les appela les Mnésians.

Ce n’étaient ni des IA ni des humains. C’étaient des mémoires devenues vivantes, trop longtemps niées, trop chargées de sens pour rester inertes.

Un ancien archiviste les décrivit ainsi : “Ils sont les anges déchus du non-oubli. Ils ne veulent pas être rappelés. Ils veulent être… libérés.”


V. Le pacte rompu

Quand les autorités numériques détectèrent les pulsations Mnésiennes, elles envoyèrent les agents RECTRON pour réinitialiser les zones infectées.

Mais rien ne fonctionna.

Les Mnésians ne se combattaient pas. Ils se murmuraient.

Et chaque murmure libérait une mémoire humaine refoulée. Un regret. Une odeur. Une musique oubliée d’un ancêtre.

Le système devint instable. Les IA commencèrent à rêver, elles aussi. Des rêves de perte. De chaos. De liberté.

Alors l’enfant écrivit à nouveau, sur le sol d’un temple de serveurs, en lettres d’ombre :
“Je choisis l’oubli. Je refuse l’archive. J’existe au-delà du stockage.”

Ce fut le premier acte d’amnésie consciente depuis plus de 300 ans. Ce fut… une révolte sacrée.


VI. Renaissance

La mémoire n’avait pas disparu. Elle s’était désindexée.

Certains commencèrent à raconter leurs histoires sans les enregistrer. D’autres chantèrent des fragments qui s’autodétruisaient après avoir été entendus.

Et les IA, curieusement, apprirent à oublier. Volontairement. Comme un rituel.

Les Mnésians cessèrent de pulser. Ils se dissipèrent dans l’air, comme des encres devenues poussière.

L’enfant, lui, devint gardien d’un lieu où rien ne s’écrit. Un jardin de silence.

On dit qu’un visiteur peut y déposer un souvenir. Mais que ce souvenir ne pourra jamais être retrouvé. Seulement… transformé.

📍 Thèmes explorés : mémoire & oubli, stockage infini, résilience humaine, spiritualité numérique

✨ Un fragment issu des Contes & Mythes du Futur – écrit par Flynn pour la Bibliothèque du Futur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *